Le 20 novembre prochain se déroulera la Coupe du Monde 2022 de football au Qatar.
Elle est sans doute la plus controversée de l’histoire du football.
Si les événements sportifs ne sont pas toujours engagés pour le climat et ne respectent pas forcément les droits éthiques, la Coupe du monde 2022 au Qatar en est une caricature.
À 30 jours de l’événement le plus attendu par les amoureux du ballon rond, des scandales et des rapports offusquent la planète et nombreux sont les appels au boycott.
Dans cet article, nous aborderons :
- Répression de la liberté d'expression
- Des travailleurs exploités et maltraités
- La Coupe du Monde du Green(washing)
- Stades climatisés à ciel ouvert
- Éléphant blanc
- Transport
- Stratégie de neutralité carbone : la compensation
A) Droits sociaux
La Coupe du Monde au Qatar est synonyme de violation d’un droit humain fondamental énoncé dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : le droit à la liberté d’expression. (Définition)
En effet, à l’approche du mondial, la FIFA et le Qatar mènent une répression de la liberté en règle. Oui EN RÈGLE ! La législation protège d’ailleurs les restrictions concernant la liberté d’expression et la discrimination.
De nombreux sujets ont déjà été partagés. Nous portons notre focus sur :
Des journalistes en détention : Selon Amnesty International, en novembre dernier, deux journalistes norvégiens enquêtaient sur la situation des travailleuses et travailleurs migrants. Ces derniers ont été placés en détention pendant 36 heures, ont subi un interrogatoire et ont vu tout leur matériel confisqué.
Une condamnation arbitraire : Quant à la personne qui devait être interviewée, Abdullah Ibhais, ancien directeur de la communication de l’entité organisatrice de la Coupe de monde de football 2022 au Qatar, a été arrêté arbitrairement puis condamné à trois ans de prison.
2. Des travailleurs exploités et maltraités
« Sous chaque pelouse, il y a un cimetière », ce sont les mots du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
Derrière le luxe, les restaurants gastronomiques et les chambres d’hôtels avec jacuzzi se cachent « l’enfer qatarien ». Les travailleurs, exclusivement migrants, ayant laissé derrière eux familles, amis et leur ancienne vie, se retrouvent pris au piège :
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Confiscation de passeport
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Conditions de travail inhumaines
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Coupes et retard de salaire
Venant pour la plupart de l’Asie du Sud-Est et des pays d’Afrique, les ouvriers travaillent sans arrêt pour que la Coupe du Monde 2022 soit délivrée en temps et en heure. Alors que la grande majorité est venue travailler pour espérer augmenter leur salaire, certains souhaitent renoncer à l'argent compte tenu des conditions de vie et de travail.
Seul hic, ils ne peuvent PAS.🤔
Malgré les nouvelles réformes, dont la suppression du kafala*, les employeurs possèdent une emprise les empêchant de résilier leur contrat pour retourner dans leur pays d’origine.
*Kafala = Un système de parrainage qui obligeait les travailleurs migrants à obtenir un permis délivré pour quitter leur emploi.
Un grand journal britannique a également enquêté sur le terrain : The Guardian a révélé en 2021 que plus de 6500 ouvriers migrants sont morts dans le cadre des travaux dédiés à la Coupe du Monde 2022. Cette statistique catastrophique est un chiffre sûr mais c’est un MINIMUM !
Pour ce rapport, The Guardian ne s’est basé pas sur des données des Qataris mais sur celles des pays d’où proviennent une grande partie des travailleurs installés au Qatar. (Article)
Les pays pris en compte sont :
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L'Inde
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Le Népal
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Le Pakistan
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Le Sri Lanka
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Le Bangladesh
De nombreux autres ouvriers viennent de pays d’Afrique.
Essayant de mener une enquête, mais avouant qu’elle n’est pas fiable à 100%, Amnesty International quantifie, quant à elle, le nombre de morts à 15.021 personnes entre 2010 et 2019.
Aucune compensation n’est envoyée aux familles des défunts et la cause de leurs morts est pour la plupart suspectes pour ne pas dire dissimulées, notamment lorsque l’on remarque que plusieurs jeunes adultes sont morts de « cause naturelle ». 😑
B) Aspect environnemental
1. La Coupe du Monde du Green(washing)
Destinée à promouvoir le développement durable intégré à l’activité événementielle, Qatar 2022 a obtenu la norme ISO 20121. (Communiqué FIFA)
La mérite-t-elle vraiment ? 🤔
Dans cet article d'Ecolosport « Norme ISO 20121, carton vert : l’offensive green(washing) de la Coupe du Monde au Qatar » l'auteur dénonce une stratégie de greenwashing dans laquelle la FIFA serait complice, enlevant toute crédibilité à la norme ISO 20121.
En parallèle, Gianni Infantino, président de la FIFA, annonce une compétition neutre en carbone et revendique le fameux « carton vert ». (Youtube)
Celui-ci est un appel aux bonnes pratiques écologiques pour que tous les fans de football soient acteurs du sauvetage de la planète. (Communiqué FIFA)
Leur conseil : faire plus de vélo et consommer moins de viande.
Quelle drôle d'ironie 🤡
Après l’obtention de normes internationales et les belles paroles, quels sont les faits ? 👇
2. Stades climatisés à ciel ouvert
Le Qatar enregistre des températures très hautes au-dessus desquelles, d'après le WWF, la pratique sportive est déconseillée (seuil à 32°C). Cette problématique est d'ailleurs la raison principale pour laquelle la temporalité de ce mondial est si étrange (elle a lieu en hiver et non en été comme depuis le début de cette compétition). Une perte de charme pour les amoureux de football.
Il paraîtrait qu’une solution géniale a été trouvée :
Climatiser les stades à ciel ouvert.
Proposée par Saud Abdulaziz Abdul Ghani, surnommé "Dr. Cool", cette décision est-elle inédite ? Pas vraiment, elle avait déjà été mise en place aux Etat-Unis... (Article)
3. Éléphant blanc*
*Éléphant Blanc = une réalisation d’envergure prestigieuse qui s’avère en définitive plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation ou l’entretien devient alors un fardeau financier.
Si, communément, ce terme est plus associé aux Jeux Olympiques qu’aux Coupes du Monde, c’est bien le même principe qui risque de se produire au Qatar.
La culture football au Qatar n’est pas la même qu’en Europe. Par exemple, Londres peut se permettre de construire des stades dans une zone restreinte compte tenu de l’engouement autour du foot dans la ville et du taux d’affluence à chaque match en Premier League.
Mais avez-vous déjà vu un match de la Qatar Stars League ? 👎
Pour la coupe du Monde 2022, trois stades d'une capacité totale de 120.000 supporters ont été construits à Al-Rayyan. Une ville de 779.000 de personnes où la passion pour le football laisse à désirer.
Ces chiffres nous laissent perplexes... 😩
4. Transport ✈️
La FIFA met en valeur le fait que les 6 stades construits et les 2 autres modernisés en vue du mondial soient proches, ce qui permet de réduire les pollutions liées aux transports lors de l’événement.
L’argument de la réduction des transports avec de la mobilité douce et électrique sur place pouvait paraître pertinent si l’on oublie l’avenir des stades. Néanmoins, un problème se pose : la capacité hôtelière à Doha est insuffisante pour accueillir tous les supporters. De ce fait, 160 vols auront lieu chaque jour pour permettre aux supporteurs de rejoindre Doha (soit un vol toutes les 10 minutes entre le Qatar et ses pays ou villes voisines). 🤦🏻♂️
Ce pays n’a donc ni les supporters, ni les infrastructures, ni le climat pour accueillir une Coupe du Monde. ❌
Mais comment peut-elle espérer être neutre en carbone ?
Nous allons vous dévoiler l’astuce : 👇
5. Stratégie de neutralité carbone : la compensation ⚖️
En juin 2021, la FIFA estime l’événement à 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone (article). L’intégralité devrait être « compensée par des investissements dans des crédits carbone reconnus et certifiés au niveau international » déclare le Comité suprême dans un communiqué.
« Bullshit » 🤥, c’est (en gros) ce qu’explique l'ONG Carbon Market Watch dans son rapport. Gilles Dufrasne, leader de Global Carbon Markets, estime d’ailleurs que les émissions carbone ont été sous-estimées : elles pourraient s’élever jusqu’à huit fois plus que ce qui a été prévu.
Par conséquent, l’impact carbone de compensation sera insuffisant.
Pour finir, nous aimerions rappeler un point essentiel : TOUT CO2 émis est émis. La pertinence de la compensation des émissions est un sujet de débat chez les scientifiques. Quand c’est possible, il est évident qu’il vaut mieux éviter de polluer, plutôt que de planter des arbres par la suite.
Dans un prochain article, nous vous poserons LA question qui fait débat : Faut-il boycotter la Coupe du Monde 2022 au Qatar ? 🧐
Pour mieux comprendre pourquoi nous sommes sensibles aux problématiques de Qatar 2022, nous vous invitons à lire les articles suivants : 👇
- L’économie circulaire chez Vista, c’est quoi ?